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Jeux paralympiques de Paris 2024 : Ryadh Sallem, « sauvé deux fois » par le sport

A 53 ans, Ryadh Sallem a la routine d’un jeune cadre dynamique. Le joueur de rugby-fauteuil, qui disputera à Paris ses sixièmes Jeux paralympiques (Atlanta 1996, Sydney 2000, Athènes 2004 au sein de l’équipe de France de basket-fauteuil, Londres 2012 et Rio 2016 en rugby-fauteuil), règle chaque jour son réveil à 6 h 30, avant de passer entre une heure et demie et deux heures dans les embouteillages parisiens au volant de son van aménagé. Il enchaîne les rendez-vous pour son association Cap sport art aventure amitié (Cap Saaa), un entraînement physique quotidien près de la tour Eiffel, des déplacements pour rencontrer des partenaires ou animer des conférences, et deux entraînements nocturnes par semaine avec l’équipe de rugby-fauteuil du Cap Saa, rentrant souvent chez lui vers 23 h 30. A cela s’ajoutent des week-ends avec l’équipe de basket-fauteuil du Cap Saa et des rassemblements mensuels avec l’équipe de France de rugby-fauteuil…
« Heureusement, il y a aussi des moments de convivialité », rassure Ryadh Sallem, attablé devant un grand verre d’eau dans le bistrot parisien où il a ses habitudes. Contrairement aux années précédentes, grâce aux aides de ses partenaires et des collectivités en préparation des Jeux de Paris, il vient y déjeuner quotidiennement pour conserver une alimentation correcte. « Avant, je mangeais un sandwich ou je ne mangeais pas, parce que je n’avais pas le temps ni les moyens, explique-t-il. Pour [les Jeux paralympiques de] Londres et Rio, je me suis préparé trois mois avant. C’est difficile d’y consacrer du temps quand tu es amateur, parce qu’à côté du sport, tu as ton gagne-pain. » Et de rappeler qu’un fauteuil de compétition coûte environ 12 000 euros.
« Si on n’avait pas eu les Jeux, j’aurais arrêté après Rio », confesse le quinquagénaire, qui n’avait pas été convoqué pour Tokyo en 2021. A l’évocation de l’échéance estivale parisienne, ses yeux s’illuminent : le titre paralympique est un objectif presque obsessionnel. « On a l’équipe pour », assure-t-il, même si la France, championne d’Europe en 2022 et 2023, n’a jamais atteint le dernier carré de la compétition. Dans un groupe où certains joueurs ont près de 30 ans de moins que lui, Ryadh Sallem, le plus souvent remplaçant, se décrit comme un « leader-serviteur ». S’il se refuse à annoncer une retraite internationale, son corps commence à lui lancer des signaux : « C’est la première année où je ressens des douleurs à l’entraînement. »
Né en Tunisie sans jambes ni mains à cause de la Thalidomide, un sédatif et antinauséeux délivré aux femmes enceintes, responsable de plus de 10 000 cas de malformation dans le monde, il est envoyé à l’âge de 2 ans en France pour y être soigné. Au Centre de rééducation fonctionnelle de Saint-Fargeau-Ponthierry (Seine-et-Marne) ses éducateurs lui font découvrir le parasport. « Le sport m’a sauvé deux fois, avance-t-il. D’abord au centre, parce qu’il m’a donné une voie, puis il y a deux ans, quand je me suis fait opérer du cœur et que le médecin m’a dit : “si vous n’étiez pas sportif, vous ne seriez plus là.” »
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